Jus d'orage

Publié le par Meuble

A la suite d'un jeudi avec une flemme de bosser générale, ne peut suivre qu'un vendredi avec une flemme de bosser générale... surtout si le vendredi en question est veille de week-end de trois jours, et que certains ont pris leur journée pour rallonger le temps libre. Y a pas à dire, le mois de mai, c'est quand même un mois de glandeurs, quand les jours fériés tombent un mardi ! Sur le total des 23 jours de mai (je compte pas les week-end) où on aurait pu travailler, on n'aura bossé que 17 jours... Voire moins pour ceux qui ont pris des RTT pour diminuer encore les semaines ! Mai, un mois bien pratique pour prendre des vacances sans griller tous ses jours de congés ! Encore faut-il en avoir, des congés...

Bref : une matinée passée à glandouiller, entre les croissants offerts par Bruno qui fêtait son anniv' et l'appart' qu'il vient juste d'avoir, les pauses café, et les gens qui viennent faire des pauses dans notre bureau ; un midi tranquille, petite pause d'1h45, commençant par un apéro d'un réunionnais qui avait amené une bouteille de rhum (un bon petit truc à 50° : le jus d'orange était très bon), se poursuivant par un repas correct, avec Bruno qui payait sa bouteille pour fêter son anniv' et l'appart' qu'il vient juste d'avoir (en fait, non, c'était une bouteille qu'un pote lui avait offert le matin, mais le résultat est le même...) ; il m'a même forcé à en boire, de son vin... alors j'y ai goûté, pour lui faire plaisir, histoire de trinquer avec lui... ben laissez-moi vous dire qu'il était très bon, ce vin ! Enfin, d'après tous les autres...

Et pour finir, une petite aprem passée à bosser tranquillement, mais certainement plus efficacement que le matin, même si l'ambiance dans le bureau était à la détente, vin et apéro oblige. Je suis même parti le dernier ex aequo, et il était que 17h30, c'est pour dire !

Retour tranquille jusqu'à l'appart, fenêtres grandes ouvertes et musique à fond, en se disant que si j'avais su qu'il allait faire beau toute la journée, je serais venu en vélo. Tant pis, du coup je pollue et je mets plus longtemps pour rentrer, mais j'ai de la musique et des gens qui me font des queues de poisson, un vrai bonheur !

Ce n'est qu'une fois rentré à l'appart que l'orage a commencé : le ciel s'est assombri au fur et à mesure que les nuages s'amoncelaient, noirs et menaçant, puis soudain parcourus d'une pourpre lumière d'ozone, les illuminant d'un éclat irréel et projetant des ombres torturées sur les murs des maisons au gré des zébrures électriques. Le tonnerre s'est alors mis à rouspeter, jaloux que les éclairs retiennent toute l'attention des spectateurs. Son roulement s'est alors répandu entre les rues, rebondissant d'immeuble en immeuble, s'insinuant dans les allées, remontant jusqu'à ma fenêtre, ouverte en grand pour profiter du spectacle. A son tour, le vent s'est levé, bourrasques rafraîchissantes brassant l'air lourd de la fin d'après-midi, s'enroulant autour des arbres, jouant avec leurs feuilles pour mieux se faire remarquer, et ajoutant leur doux bruissement à la rythmique aléatoire du tonnerre, créant une musique céleste que la pluie est alors venue enrichir, faisant tinter le sol et les vitres en déposant ses gouttes sur la ville, d'abord lentement, puis de plus en plus vite, dans un crescendo démontrant la rage du ciel envers une cause qui nous échappe, qui nous surpasse.

Toute la beauté de l'orage était enfin là, son et lumière naturel que l'humain ne pourra jamais égaler, son et lumière empreint d'une poésie féroce, dont est dénué tout assemblage métallique délivrant une pâle imitation des éléments en furie. Mais, de ma petite fenêtre, enfermée entre des immeubles, le champ de vision était trop limité pour profiter pleinement de l'événement. Je me suis donc changé, jean t-shirt sacrifiable à l'aune de l'humidité, et je suis sorti, levant la tête vers les cieux, sentant l'eau abreuvant mes vêtements et me rafraîchissant les idées, les yeux à l'affut des zébrures électriques dessinant de bien étranges desseins sur le fond anthracite des nuages, les oreilles emplies du grondement du tonnerre et du cliquettement de la pluie. J'ai fait le tour du quartier, en t-shirt et tête nue, flanant dans les rues, m'amusant des rares passants qui se dépechaient, tête basse sous un parapluie noir pour éviter l'indicible horreur d'être mouillés.

L'orage se calmant, j'ai fini par rentrer, dégoulinant mais content. Y a pas à dire : c'est beau, un orage !

Publié dans Tranches de vie

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A
<br /> Très joli, très poétique, ça donne envie de se mouiller :-)<br /> <br /> <br />
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P
Hi hi ^^ Je t'imagine très bien... j'avoue, la prochaine fois, je sors carrément en maillot de bain/short et je fais pareil... :)
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B
Et pouf, toi aussi t'as fait ton garden state de la semaine !
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